EthiFinance a publié en février 2025 une étude portant sur la performance ESG en 2024 de 86 entreprises européennes de l’industrie pharmaceutique qui se soumettent à la notation EthiFinance. Les résultats mettent en lumière des avancées notables mais aussi des défis à relever pour renforcer la durabilité de ce secteur par ailleurs très hétérogènes.
L’industrie pharmaceutique et biotechnologique regroupe des entreprises très diverses : des laboratoires de recherche aux grands groupes pharmaceutiques, en passant par les fournisseurs de dispositifs médicaux. Cette diversité se traduit par des approches variées en matière de durabilité et de responsabilité sociétale. C’est ce qui ressort de l’étude menée par EthiFinance sur les performances ESG (Environnement, Social, Gouvernance) en 2024 de 86 entreprises européennes du secteur.
Secteur pharmaceutique : un engagement ESG en progression, mais des disparités persistent
Le rapport révèle que 70 % des entreprises du secteur affichent un score ESG compris entre 31 et 70 sur 100, témoignant d’un engagement modéré mais en amélioration. Quelques tendances fortes se dessinent :
- Les petites entreprises sont plus dynamiques : plus de la moitié des entreprises les mieux notées ont moins de 250 employés, démontrant une capacité d’adaptation plus rapide aux exigences ESG.
- Des écarts s’illustrent selon les pays : le Danemark se distingue avec les scores les plus élevés, tandis que la Suisse affiche la plus forte progression sur trois ans.
- Une gouvernance solide, mais des enjeux sociaux/ sociétaux encore sous-développés : la gouvernance reste le pilier ESG le mieux noté, alors que les aspects sociaux, comme la responsabilité des produits et les relations avec les parties prenantes, nécessitent encore des améliorations.
Secteur pharmaceutique et environnement : des efforts encore insuffisants
L’industrie pharmaceutique, en raison de ses processus de fabrication complexes et énergivores, doit relever des défis importants en matière de durabilité. Si 77 % des entreprises ont engagé des actions pour réduire leurs émissions de gaz à effet de serre, seules 9 % disposent d’objectifs validés par l’initiative Science-Based Targets (SBTi).
Côté transparence des émissions carbone, la France affiche les résultats suivants :
- 48,28 % des entreprises publient leurs émissions de scope 1 et 2, c’est-à-dire celles directement liées à leur production et leur consommation énergétique.
- 41,38 % communiquent sur leur scope 3, couvrant l’ensemble des activités en amont et en aval (fournisseurs, transport, utilisation des produits, etc.).
- toutes les entreprises qui publient leur scope 3 ont également publié leurs scopes 1 et 2, signe d’un engagement progressif mais encore limité.
Bien que ces chiffres montrent une prise de conscience croissante, ils restent inférieurs aux moyennes observées dans d’autres secteurs industriels notés par EthiFinance : 67 % des entreprises côtées publient en effet leur scope 3.
Outre les émissions carbone, la gestion de l’eau et des déchets, ainsi que la préservation de la biodiversité, apparaissent comme des axes d’amélioration prioritaires.
Secteur pharmaceutique : une gouvernance solide, mais des controverses persistantes
La gouvernance est un point fort du secteur, mais les controverses restent nombreuses, notamment sur les questions d’éthique des affaires. L’étude révèle que seulement 41 % des employés sont formés à la lutte contre la corruption, un chiffre insuffisant pour un secteur aussi réglementé.
Les controverses ESG identifiées en 2024 concernent principalement :
- Les pratiques commerciales trompeuses et le manque de transparence financière, notamment en France et au Royaume-Uni.
- Les questions liés à la sécurité des produits, qui représentent 57 % des controverses recensées par EthiFinance
- Des cas de corruption et de pratiques anti-concurrentielles, soulignant la nécessité de renforcer la vigilance éthique.
Responsabilité produit et interactions avec les parties prenantes
Dans un secteur aussi sensible que la santé, la gestion de la relation client est fortement encadrée par des réglementations strictes, limitant les interactions commerciales directes avec les patients et les prescripteurs.
L’étude met toutefois en évidence un manque de transparence et de communication envers les parties prenantes, notamment sur la qualité des produits et la satisfaction des utilisateurs : 66 % des entreprises ont mis en place un système de gestion de la qualité (QMS), garantissant la conformité aux normes strictes du secteur.
Si l’industrie pharmaceutique et biotechnologique progresse sur le plan de la durabilité, elle reste en phase de transition. Les entreprises doivent renforcer leur engagement environnemental, améliorer la transparence de leurs pratiques et structurer davantage leurs relations avec les parties prenantes dans le respect des réglementations en vigueur.