Le troisième Plan National d’Adaptation au Changement Climatique (PNACC-3) marque une nouvelle étape dans la stratégie d’adaptation de la France face aux impacts grandissants du réchauffement climatique. Selon les projections scientifiques, dans le pire des scénarios envisagés, la température moyenne en France hexagonale pourrait augmenter de +4°C d’ici 2100 : un scénario qui imposerait une transformation profonde de nos modes de vie, de nos infrastructures et de notre économie. Face à ces défis, le PNACC-3 vise à structurer une réponse systémique à travers 5 grands axes et 52 mesures spécifiques. Explications.
Depuis 2006, la France a mis en place plusieurs initiatives pour mieux comprendre les effets du changement climatique. Le premier plan PNACC (2011) a ainsi permis d’inscrire l’adaptation comme une priorité transversale et de renforcer les connaissances scientifiques sur les impacts climatiques futurs. Le second plan (2018), rédigé suite à la COP21, a introduit une gouvernance plus structurée et une première trajectoire de référence (+2°C en 2050). Ce troisième plan, présenté lundi 10 mars 2025 lors d’une conférence de presse, prend désormais en compte une trajectoire plus alarmiste à +4°C en 2100 et définit des mesures concrètes dans tous les secteurs : il y a en effet urgence à agir.
Les cinq axes majeurs du dernier Plan National d’Adaptation au Changement Climatique
Axe 1 : Protéger la population
Mesures (numéro et explication) | Destinataires des mesures | Accès aux fonds |
1 – Renforcement du fonds Barnier (fonds de prévention des risques naturels majeurs) : augmentation de 75 M€ pour financer la prévention des risques naturels (inondations, recul du trait de côte, sécheresses). | Collectivités locales, propriétaires en zone à risque | Procédure : les collectivités doivent soumettre un dossier à la Direction Départementale des Territoires (DDT) pour obtenir un cofinancement via le Fonds Barnier. Un propriétaire en zone à risque peut obtenir une aide via sa mairie. |
2 – Maintenir une assurance accessible contre les risques naturels : garantir que les habitants en zones à risque puissent toujours s’assurer. | Habitants des zones exposées, assureurs | Procédure : régulation par l’État pour empêcher les assureurs de se retirer des zones à risque via le régime Cat Nat (Catastrophes Naturelles). Les habitants n’ont pas de démarche spécifique à faire. |
3,7 – Cartographie des risques naturels : création d’une carte interactive des risques climatiques (inondations, incendies, cyclones). | Grand public, collectivités | Procédure : mise en ligne des cartes sur un portail public national pour permettre aux citoyens et collectivités de mieux anticiper les risques. |
9 – Adapter les logements aux fortes chaleurs : intégration du confort d’été dans la rénovation énergétique des logements. | Propriétaires, locataires | Procédure : un propriétaire peut demander une aide via MaPrimeRénov’ pour financer des équipements (stores, isolation thermique, ventilation naturelle) via l’ANAH (Agence Nationale de l’Habitat). |
11 – Protection des travailleurs contre les fortes chaleurs : renforcement des obligations des employeurs en matière de prévention des risques climatiques. | Employeurs, salariés | Procédure : l’Inspection du Travail peut imposer des aménagements (ex. horaires décalés, zones d’ombre). Les employeurs peuvent solliciter des financements via les OPCO pour former leurs salariés. |
16 – Santé et climat (« Une seule santé ») : étude sur les conséquences du changement climatique sur la santé humaine et animale. | Hôpitaux, établissements médico-sociaux, collectivités | Procédure : un hôpital peut solliciter un financement auprès de l’ARS (Agence Régionale de Santé) pour renforcer son plan de gestion des canicules et adapter ses infrastructures. |
Axe 2 : Assurer la résilience des territoires, des infrastructures et des services essentiels
Mesures (Numéro et explication) | Destinataires des mesures | Accès aux fonds |
21 – Protection de la ressource en eau : études et investissements pour garantir un accès à l’eau potable en Outre-mer. | Collectivités locales, agences de l’eau | Procédure : une collectivité en Outre-mer peut solliciter un financement auprès de son Agence de l’Eau pour développer des infrastructures adaptées (stockage, distribution). |
23 – Intégration de la TRACC dans les documents de planification : inscription obligatoire de la trajectoire climatique (+4°C) dans les documents d’urbanisme et d’aménagement. | Collectivités, urbanistes, État | Procédure : lors de l’élaboration d’un PLU (Plan Local d’Urbanisme), une commune devra intégrer la TRACC et peut bénéficier d’un accompagnement technique et financier via les services de l’État. |
25 – Mission Adaptation : guichet unique pour les collectivités : accompagnement en ingénierie pour aider les communes à concevoir des plans d’adaptation. | Collectivités locales | Procédure : une mairie souhaitant végétaliser ses espaces publics peut solliciter un accompagnement technique et financier via la Mission Adaptation, accessible à partir de 2025. |
Axe 3 : Adapter les activités humaines
Mesures (Numéro et explication) | Accès aux fonds | |
30 – Adaptation des infrastructures de transport : études de vulnérabilité et plans d’adaptation des réseaux ferroviaires, routiers et aériens. | Gestionnaires d’infrastructures (SNCF, RATP, collectivités) | Procédure : une entreprise de transport (ex. SNCF) peut solliciter des aides de l’État et de l’UE pour adapter ses infrastructures (renforcement des voies ferrées face aux vagues de chaleur). |
33 – Études de vulnérabilité pour les opérateurs d’importance vitale : obligation pour certaines grandes entreprises (énergie, transport) de réaliser un diagnostic des risques climatiques. | Grandes entreprises (EDF, transporteurs, etc.) | Procédure : EDF ou RTE doit mener une étude de vulnérabilité et peut obtenir un soutien via des appels à projets gouvernementaux et européens. |
37 – Accompagner les exploitations agricoles face au changement climatique : création d’un diagnostic de résilience pour les exploitants agricoles. | Agriculteurs, industriels agroalimentaires | Procédure : un agriculteur peut demander un diagnostic climatique via la Chambre d’Agriculture et solliciter une aide du Plan de Relance Agricole pour adapter ses cultures aux nouvelles conditions climatiques. |
Axe 4 : Protéger notre patrimoine naturel et culturel
Mesures (Numéro et explication) | Destinataires des mesures | Accès aux fonds |
43 – Protection du patrimoine culturel face aux risques climatiques : études et travaux d’adaptation des sites emblématiques (Tour Eiffel, Mont-Saint-Michel). | Collectivités, gestionnaires de sites culturels | Procédure : un site classé peut obtenir des subventions via le Ministère de la Culture pour mettre en place des mesures de conservation adaptées. |
Axe 5 : Mobiliser les forces vives de la nation
Mesures (Numéro et explication) | Destinataires des mesures | Accès aux fonds |
12 – Adaptation au changement climatique des conditions de travail des agents publics : mesures pour aménager les horaires et les bâtiments publics face aux fortes chaleurs. | Agents publics, administrations | Procédure : l’État peut piloter des expérimentations dans certains ministères pour tester de nouvelles formes d’organisation du travail (ex. horaires aménagés en été). |
Plan d’adaptation au changement climatique : une attention particulière aux territoires ultramarins
Les territoires ultramarins (territoires d’outre-mer), particulièrement vulnérables, font l’objet d’une attention spécifique. Ils sont en effet clé dans la régulation des émissions carbone, comme de la chaîne alimentaire. Or ils doivent faire face à un cumul de risques climatiques importants tels que l’intensification des cyclones, l’érosion côtière et le stress hydrique. Chaque territoire développera ainsi un « Volet Adaptation » dans sa feuille de route de planification écologique, avec un accompagnement méthodologique et scientifique dédié. Les priorités incluent la protection des infrastructures essentielles, l’adaptation des activités économiques et une meilleure gestion des ressources naturelles.
Adaptation au changement climatique : une dimension européenne et internationale
Le PNACC-3 s’inscrit également dans une dynamique européenne et internationale. La France soutient l’intégration de l’adaptation climatique dans toutes les politiques de l’Union européenne et milite pour une trajectoire de réchauffement de référence commune aux États membres. À l’échelle mondiale, elle continue de financer l’adaptation des pays les plus vulnérables à travers des initiatives comme le Fonds Vert pour le Climat et le programme Adapt’Action.
L’adaptation au changement climatique comme opportunité pour l’avenir
Plutôt que de voir l’adaptation au changement climatique comme une contrainte, ce plan la positionne comme une opportunité pour transformer notre société. Investir dès aujourd’hui dans des infrastructures résilientes, des filières économiques adaptées et des solutions basées sur la nature devrait permettre de limiter les pertes humaines et économiques tout en construisant un avenir plus durable et équitable.
Le PNACC-3 est un plan qui nécessite l’implication de tous : citoyens, entreprises, collectivités et État. Face à un défi climatique sans précédent, les pays du monde entier doivent anticiper, innover et s’adapter pour garantir un avenir vivable aux générations futures : à travers ce plan, s’il est mis en place avec les moyens de ses ambitions, la France se dote ainsi de mesures importantes.
Il reste toutefois à savoir si le budget alloué à ce troisième plan sera à la hauteur des ambitions affichées. En effet, bien que les mesures proposées soient cruciales, leur mise en œuvre dépendra largement des financements publics et privés.
Pour lire le rapport complet présentant PNACC 3
Et pour lire le rapport résumé qui présente les 14 mesures les plus importantes du PNACC 3